Hiba Heni

Hiba Heni

Projet : Recyclage du plastique

Région : Siliana

A 33 ans, Hiba Heni peut s’enorgueillir d’être la cheffe de file des unités de transformation et de recyclage du plastique à Siliana, Traditionnellement dominée par les hommes, provoquant généralement réticences et résistance, la filiale du recyclage a toujours pâti d’une image déplorable et souffre de fragilités du fait de la sous-exploitation de toutes ses potentialités. Pourtant, elle est en pleine mutation ailleurs et elle épargnerait au pays, si elle était mieux considéré, l’accumulation de tonnes de déchets tous les ans.
Hiba a grandi dans un milieu peu enclin à donner aux femmes l’opportunité de choisir et de prendre des risques mais a appris à s’en affranchir. Le père de Hiba, mécanicien, portait beaucoup d’intérêt à la question environnementale et a fertilisé chez tous ses enfants une conscience verte en les encourageant très tôt à adopter un comportement responsable. C’est donc sans surprises que Hiba a cherché à convertir ce capital. Aujourd’hui encore, elle attribue à son père le mérite d’avoir suscité en elle le désir d’entreprendre et de consacrer toute son énergie à la cause environnementale.

Hiba a eu très tôt un sens aiguisé pour les affaires mêlé à beaucoup de ténacité et d’obstination. Après un passage éclair en école d’informatique, la jeune femme décide de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Quand elle sillonnait les rues de Siliana, Hiba s’est rendu compte que la ville, comme elle le dit, était à peu près la seule en Tunisie à ne pas disposer d’unités de recyclage. Une offense pour la région qui regorge de potentialités d’investissement. C’est de là que lui vient l’idée de créer une unité de recyclage et de transformation des déchets en plastique. Le chemin fût long pour Hiba qui se heurte dès le lancement à la lente et fastidieuse machine administrative. Cela ne la décourage pas pour autant. Après la phase d’étude du projet, Hiba a bénéficié d’une formation en création d’entreprise auprès d’une branche de l’Agence Nationale pour l’Emploi et pour le Travail Indépendant avant d’être adoptée par la Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises qui la prend
sous son aile et adoube le projet.
Le projet voit le jour en 2013. Hiba installe son unité. Elle commence à travailler avec les délégations et avec des collectionneurs ambulants des villes de Béjà, de Bouarada et du Kef qui étaient dans une grande situation de vulnérabilité. L’activité prend son envol mais les financements manquent pour donner encore plus d’envergure au projet et agrandir le réseau de collectionneurs. Hiba fait alors appel à Enda qui lui accorde plusieurs prêts pour faire face à toutes les dépenses liées à l’augmentation du capital. Un cumul de prêts de 84 000 dinars lui a été accordé, lequel a aidé à acquérir du matériel et de nouvelles machines pour le broyage et la transformation. La jeune entrepreneure affiche aujourd’hui sa
satisfaction, son réseau s’est élargi à 70 collectionneurs dans la seule ville de Siliana.
Hiba ne subit plus les effets de ciseau de l’image mais reste en proie aux répercussions de la crise sanitaire qui a mis un coût d’arrêt à la production industrielle et a fait chuter les prix des matières premières exerçant une pression supplémentaire sur le coût des matières recyclées. Si le secteur a profité ces derniers mois d’une embellie, il reste en quête de la construction d’un modèle pérenne qui permettrait à ceux travaillant dans cette activité de se projeter et d’avoir des débouchées claires, ce que Hiba appelle de ses vœux.,